Résultat de la décomposition de matières organiques et du mouvement de plusieurs gaz, dont le méthane et le sulfure d’hydrogène, les mystérieuses lueurs observées de nuit dans les zones marécageuses sont à l’origine d’une importante figure du folklore : le feu follet, également appelé will-o’-the-wisp dans les pays anglo-saxons. Généralement considéré comme l’âme d’un enfant mort sans avoir reçu le baptême, il est connu pour égarer ceux qui auraient la mauvaise idée de le suivre. Particulièrement célèbre en Louisiane, au point que son nom ait été donné à plusieurs rues et même à un groupe de musique originaire de la ville de Lafayette, il fait l’objet d’un grand nombre de récits.
Le feu follet louisianais : un esprit joueur #
Les feux follets que l’on croise en Louisiane ne sont d’ordinaire ni agressifs, ni malveillants. Cependant, ils peuvent se révéler assez malicieux pour perdre dans les marais les voyageurs qu’ils rencontrent, lesquels ne retrouvent souvent leur chemin qu’une fois l’aube venue. Heureusement, il existe des moyens pour leur résister, lesquels impliquent fréquemment l’usage d’objets brillants, pointus ou les deux à la fois. Par exemple, si l’on se retrouve face à l’un d’eux et si l’on dispose d’un couteau de poche, l’ouvrir et le planter dans un poteau – ou dans le sol – se révèlera des plus efficaces : l’esprit va s’en approcher, s’amuser avec, et il sera alors possible de s’éloigner tranquillement. En fait, il s’agit de distraire les feux follets comme on distrairait un enfant en bas-âge à l’aide d’un jouet brillant. Nombre de légendes semblent ainsi montrer, de manière subtile, que ces êtres ont conservé un caractère joueur tout à fait enfantin.
Le feu follet chez les Houmas #
S’agit-il des vestiges d’une croyance amérindienne ayant fusionné avec la légende française ? Cela tient-il plutôt à un phénomène physique lié à la combinaison des gaz présents dans la région où vivent les Houmas ? En tout cas, leurs récits à propos du feu follet diffèrent sensiblement de ceux que l’on trouve dans le reste de la Louisiane. Certes, il est toujours question de l’âme d’un enfant non baptisé cherchant à égarer les passants. Certes, on ne le voit toujours qu’à proximité ou au-dessus d’eaux calmes ou stagnantes. Cependant, sa taille, sa couleur et son comportement ne sont pas les mêmes.
D’abord, on ne parle pas d’une petite lumière semblable à une chandelle, comme à Lafayette ou dans les paroisses environnantes : non, ici, on évoque une boule de feu pouvant être aussi grosse qu’un hibou. Ensuite, les récits concordent pour dire qu’il luit d’un éclat rouge. Enfin, il est fréquemment dépeint comme menaçant, voire agressif, donnant l’impression de se diriger droit sur sa cible pour finalement changer de direction. Pour s’en défaire, il faut positionner une aiguille de sorte à ce qu’il passe à travers le chas.