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Fifolé de la Pointe Coupée

En Louisiane, et plus précisément dans la paroisse de la Pointe Coupée, de nombreux récits recueillis auprès des Créoles noirs depuis le début du XXe siècle évoquent une créature appelée le fifolé. S’il doit son nom au feu follet très connu dans le reste de l’État, si son apparence est similaire, il est cependant d’une nature toute différente. Bien loin de l’âme d’un enfant non baptisé cherchant à égarer les voyageurs dans les marais, on a affaire à un être capable de changer de forme et avide de sang frais.

Encyclopedie bestiaire fifollet

Le fifolé, une créature métamorphe et vampirique #

Un fifolé est un humain, presque toujours une femme, capable de retirer sa peau et, ce faisant, de prendre l’apparence d’une boule de feu. Il aime errer la nuit mais, le plus souvent, les récits le montrent qui pénètre dans les maisons en se glissant sous la porte ou par le trou de la serrure. Son objectif ? Cela peut être voler de l’argent. Cependant, ce qu’il préfère, c’est sucer le sang des bébés. Surtout des garçons. Ces descriptions rapprochent le fifolé des sorcières présentes dans le folklore afro-américain et plus encore du soucouyant antillais. Il est d’ailleurs probable qu’il s’agisse d’une transposition locale de cet être, tant les similitudes sont frappantes.

Se protéger du fifolé #

Pour se prémunir de ce malveillant intrus, on peut déposer devant chez soi deux aiguilles placées en forme de croix ainsi que beaucoup de graines de moutarde : le fifolé s’arrêtera pour les compter et, surpris par le lever du soleil, il n’aura d’autre choix que de se carapater.

Si l’on recherche une solution plus définitive, il faut trouver la peau de la créature, généralement laissée non loin de la maison où elle souhaite s’introduire, et mettre du sel et du poivre à l’intérieur. Quand le fifolé reviendra l’enfiler, il ressentira d’insupportables brûlures et prononcera la formule suivante, en anglais : « Skinny, skinny ! Don’t you know me ? ». Il sera alors possible de le tuer, à moins qu’il ne disparaisse de lui-même.

Une légende, qui présente de manière exceptionnelle le fifolé comme étant un homme, offre une issue différente : celui-ci saute dans l’eau, ce qui non seulement le soulage mais, de surcroît, le libère de son affliction surnaturelle.

Sources #

Rabalais, Nathan J. Folklore Figures of French and Creole Louisiana. Baton Rouge, Louisiana State University Press, 2021. pp. 215-224.
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