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La Christine

Figure locale du folklore louisianais associée aux fêtes de fin d’année, la Christine n’est connue que dans certaines parties de la paroisse de Saint-Landry, autour de Léonville, Arnaudville et Pecanière, Dans ces secteurs, les Cajuns comme les Créoles s’accordent pour dire qu’il s’agit de la femme du Père Noël.

La Christine, une femme vêtue d'une robe flottante, plaçant des friandises dans des souliers.

La Christine, une Mère Noël louisianaise #

Chaque année, réticente à accompagner son mari pour son long périple autour du monde, elle décide de rester chez elle ; mais, prise de remords, elle finit toujours par changer d’avis et, vêtue de sa longue robe flottante, elle s’élance à la poursuite de son époux, espérant bien le rattraper. Comme elle est toujours sur ses talons, on attend son arrivée pour le lendemain de Noël. Ce jour-là, elle apparaît magiquement dans les maisons et, demeurant invisible aux yeux des enfants, elle remplit leurs chaussures de bonbons. Du moins est-ce la récompense pour les plus méritants : ceux qui n’ont pas été très sages n’ont droit qu’à des cendres et à du coton-maïs (c’est-à-dire ce qu’il reste des épis une fois qu’on en a ôté tous les grains).

Selon une variante de cette légende, c’est le 1er janvier que vient la Christine. Comme en France, le jour de l’an a longtemps été plus festif que Noël : c’était à cette occasion que les familles se réunissaient et que les enfants recevaient des cadeaux. En Louisiane, cette coutume est restée en vigueur jusqu’au milieu du XXe siècle, avant de céder la place à la tradition américaine dominante faisant de Noël le point d’orgue des fêtes de fin d’année.

La Christine : des origines germaniques #

L’origine de la Christine et la signification de son nom sont longtemps restés obscurs. Aujourd’hui, cependant, on tend à penser qu’elle descend d’un être mythique venu d’Allemagne : das Christkind. Introduit au moment de la Réforme protestante pour remplacer saint Nicolas, originellement décrit comme le Christ sous une apparence d’enfant, il a rapidement évolué, perdant son caractère sacré pour devenir une figure du folklore presque toujours représentée avec des traits féminins. On suppose que les populations germanophones venues s’installer au début du XVIIIe siècle dans la région qui leur doit son nom, à savoir la Côte des Allemands, ont amené avec eux cette croyance et qu’elle s’est diffusée parmi leurs voisins francophones.

Sources #

Rabalais, Nathan J. Folklore Figures of French and Creole Louisiana. Baton Rouge, Louisiana State University Press, 2021. pp. 229- 233.
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