Connu dans toute la paroisse des Avoyelles, en Louisiane, la légende de Pachafa est encore plus présente dans le secteur de Wild Bayou (autrefois Bayou Blanc), non loin de Marksville et de la réserve de la tribu Tunica-Biloxi. S’il existe de très nombreuses versions de cette histoire, la plupart ont en commun de parler d’un être à moitié homme qui se déplace en boitant, Le reste de son apparence varie selon les récits, lesquels peuvent le présenter comme à moitié crocodile, à moitié cheval ou encore à moitié esprit. Parfois, il est même décrit comme étant seulement… la moitié d’un homme, Quant à ses intentions, elles diffèrent également selon les cas : si Pachafa est surtout connu comme une macabre créature enlevant les enfants, il en existe des représentations plus nuancées, en particulier parmi les Amérindiens.
Pachafa, la légende amérindienne #
Pour les membres de la tribu Tunica-Biloxi, parler aux enfants de celui qu’ils appellent Tanapachafa – ou simplement Tanap – constitue un rite de passage. L’histoire elle-même, qui pourrait être inspirée de la légende choctaw du « Petit Peuple » tant elles partagent de similitudes, possède d’ailleurs un indéniable aspect initiatique.
Elle présente un petit garçon seul dans les bois qui soudain, alors que jusque-là régnait le silence, entend un sifflement : levant les yeux, voilà qu’il aperçoit Tanapachafa en haut d’un cyprès ! Ce dernier commence à descendre de l’arbre, le remarque et s’approche de lui : d’une main, il lui tend des herbes et, de l’autre, il lui présente un couteau. Si l’enfant choisit le second, il deviendra guerrier ; s’il préfère les herbes, il sera homme-médecine.
Notons cependant que la rencontre n’est pas toujours aussi paisible : dans d’autres versions, Tanapachafa et le garçon s’affrontent à la lutte.
Pachafa, le croque-mitaine #
Si la version de Pachafa permettant aux enfants de choisir leur destin existe en dehors de la tribu Tunica-Biloxi, il semble plus fréquent sous ses oripeaux de croque-mitaine. Plutôt connu sous le nom de Johnny Pachafa par ceux qui en ont entendu parler en français ou en créole louisianais, il est toujours présenté comme se trouvant à proximité, rôdant dans les bois, tapi sous les ponts, se cachant dans les champs et les bayous, longeant les voies ferrées de sa démarche claudicante… Le plus souvent, il cherche à enlever des enfants ; cependant, certaines variantes sont plus spécifiques. Ainsi l’une d’entre elles raconte qu’il s’agit d’un homme à qui on a coupé la tête avant de la cacher dans les bois : depuis, chaque nuit, son corps se relève et part à sa recherche même si, bien sûr, il se satisfera de toute tête de substitution passant à sa portée…
Demeure une question : si Pachafa n’est plus qu’à moitié homme, comment a-t-il perdu la partie manquante ? Sur ce sujet, les explications foisonnent au point que chaque récit semble avoir la sienne. Mais elles ont en commun d’être aussi horribles qu’imaginatives, mettant par exemple en scène une tronçonneuse, une déchiqueteuse à bois, un train ou même le diable en personne.
Sources #
Roblin Natalie, « The Legend of Pachafa », Country Roads, 25 septembre 2023.