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Chasse-galerie (Louisiane)

Bien connue en France et parmi les communautés francophones d’Amérique du Nord, la légende de la chasse-galerie sert ordinairement à expliquer le bruit du tonnerre. Mais pour le reste, elle peut revêtir bien des formes. En Louisiane, elle met presque toujours en scène des chasseurs, ce qui la rapproche des variantes présentes dans l’Hexagone. Cependant, il s’agit ici de chasseurs de lapins : ces animaux sont en effet traqués à l’aide de chiens, lesquels, quand ils sont sur la piste de leur proie, font un vacarme suffisant pour qu’on le compare au tonnerre. Autre particularité des récits recueillis dans cet État : ils sont très liés au thème de la punition infligée à ceux qui ne respectent pas le repos dominical.

La chasse-galerie, un chasseur fantôme et ses chiens traversant les airs.

La chasse-galerie à Cankton #

À Cankton, dans la paroisse de Saint-Landry, on raconte la version suivante. Un dimanche matin, la messe venait de débuter lorsque des chiens qui avaient suivi leur maître jusque dans l’église s’agitèrent subitement et filèrent à l’extérieur, dans la prairie : ils avaient pris un lapin en chasse. L’homme ne put résister à l’envie de les suivre : il se leva, franchit la porte et leur courut après. Depuis ce jour, il n’a plus jamais cessé de courir : d’abord sur terre puis, lorsqu’il ne le put plus, dans les airs. Ainsi, tous les sept ans et quel que soit le pays où l’on se trouve, on pourrait l’entendre passer, traversant le ciel dans un bruit de cloches et de chaînes.

La chasse-galerie à Arnaudville #

À Arnaudville, également dans la paroisse de Saint-Landry, l’histoire est quelque peu différente. On dit que vivait autrefois un homme qui, malgré les recommandations de ses parents, préférait passer le dimanche matin à chasser plutôt que de se rendre à la messe. Et il fit ainsi toute sa vie durant, traquant les lapins en compagnie de ses bons « taïaux «, comme on appelle en Louisiane les chiens de chasse. Mais il ne l’emporta pas au paradis, et cela n’a rien d’un euphémisme puisqu’après sa mort, tous les dimanches, on entendait leur train passer dans les airs : les jappements des chiens, d’abord, puis les cris du chasseur. Cela se produisit des années durant. Puis cela cessa : l’homme avait enfin achevé sa pénitence.

Sources #

Ancelet, Barry Jean. Cajun and Creole Folktales: The French Oral Tradition of South Louisiana, Jackson, University Press of Mississippi, 1994, pp. 399-402.

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