À propos

Petite histoire d’un amateur d’histoires

Aboutissement d’un long parcours, le Projet Solstices concrétise un désir qui m’anime depuis toujours : partager ma passion pour le folklore et les histoires qui s’en inspirent.

Aux origines

Quatre livres de poche : Les aventures de Tom Sawyer, La sorcière de la rue Mouffetard, L'île au trésor et Le dernier des Mohicans.

L’amour des histoires

J’ai grandi parmi les histoires.

Celles que me lisait si bien ma mère (et elle en lit toujours, son petit-fils est un veinard !).. Celles que je lisais moi-même à la moindre occasion. Celles que je regardais, aussi, à la télévision.

Ces livres, ces dessins-animés, ces récits quelle que soit leur forme ont attisé, nourri, peuplé mon imaginaire. Et ils le peuplent encore : Tom Sawyer, Nils Holgersson, Long John Silver, et tant d’autres qui continuent à m’accompagner sans que j’en mesure forcément l’influence.

J’ai grandi parmi les histoires. Et j’ai tant rêvé à les écouter, à les lire, à les regarder que, dès l’entrée au collège, j’ai commencé à ébaucher les miennes. Et à les raconter, parfois.

J’ai terminé mon premier roman en 2006, à l’occasion d’une année sabbatique forcée : cette note égaré par l’administration de mon université n’avait pas eu que de mauvais côtés. Malgré mes tentatives, je n’ai pas réussi à le faire publier. Cependant, parmi les lettres de refus, une page sortait du lot : elle n’avait rien d’un document type, montrant au contraire que mon texte n’avait pas laissé indifférent. Stephen King le dit dans Écriture : recevoir semblable courrier est un signe encourageant. J’ai décidé de le prendre comme tel.

La passion du jeu de rôle

On peut lire ou écrire les histoires. On peut les raconter. Mais j’ai découvert, très tôt, qu’on pouvait également les jouer.

Ma rencontre avec le jeu de rôle remonte au début des années 1990 : elle s’est faite par l’entremise d’une boîte d’initiation à L’Œil noir découverte parmi les jeux de société de mes parents. Après avoir dévoré les livrets et (vaguement) compris le système, j’organisai ma première partie : mon père et mon frère eurent la gentillesse d’en être les victimes.

Cependant, dans les années qui suivirent, c’est grâce aux Livres dont vous êtes le héros que j’ai pu assouvir ma passion naissante pour le jeu de rôle. Pas de quoi se plaindre : on peut aisément imaginer pires substituts. D’ailleurs, aujourd’hui encore, je garde un très bon souvenir de plusieurs séries dont, bien sûr, la célèbre Quête du Graal.

C’est dans les années 2000, au cours de mes études d’histoire, que j’ai enfin eu la chance de pratiquer régulièrement le jeu de rôle. Ainsi ai-je pu m’essayer à Donjons & Dragons, Ambre, Lyonesse ou encore Little Fears pour lequel j’avais écrit une série de scénario confrontant les personnages à de sombres créatures du folklore. J’avais même envisagé, un temps, d’adapter le jeu pour le situer dans le Derry de Stephen King.

Cependant, c’est Warhammer qui finit par s’imposer Et pour longtemps. Plus tard viendrait l’Appel de Cthulhu.

Une boîte d'initiation au jeu de rôle L’œil noir et deux livres dont vous êtes le héros : L'homme au cheval de brume et Au royaume de l'épouvante.
Trois livres : Contes et légendes de Provence, Contes et légendes du Poitou et Histoires de la lande et de la brume.

Une fascination pour le folklore

Depuis quand suis-je fasciné par le folklore ?

Je ne saurais dire.

Mais je me souviens que les recueils de contes et légendes n’étaient pas rares parmi mes lectures de jeunesse : j’avais même pour eux un attachement tout particulier. Je me souviens, aussi, de ce que me racontait ma grand-mère. Il y avait, à Vienne, ce mystérieux souterrain censé passer sous le Rhône pour relier le château de la Bâtie à la tour des Valois : le fameux veau d’or y serait caché. Il y avait, aussi, cette ferme toute proche où, avant-guerre, des objets se seraient déplacés tout seuls, obligeant les gendarmes à venir enquêter : la faute au Petit Albert, avait expliqué ma grand-mère, sans donner davantage de détails sur cet étrange ouvrage. De quoi enflammer mon imagination !

Le temps passant, j’ai accumulé de plus en plus de livres sur le folklore. Après un mémoire de Maîtrise consacré à la Louisiane (la faute à Mark Twain, entre autres), c’est aux contes et légendes que j’ai consacré mon mémoire de Master.

Par la suite, mon doctorat m’entraîna vers une autre discipline, un autre sujet. Ce fut une expérience passionnante, tout comme les cours que j’eu la chance de donner à cette occasion. Cependant, l’écriture, l’imaginaire et le folklore me rappelèrent à eux sitôt ma thèse soutenue. Et même avant, à dire la vérité.

Danse avec Cthulhu

Rencontre avec le Mythe

Même si j’avais lu certaines de ses nouvelles durant mon adolescence, il aura fallu les patients efforts de persuasion d’un ami pour qu’à la fin des années 2000, je me penche sérieusement sur l’œuvre de Lovecraft. Et ce fut le déclic : conquis par l’histoire du Necronomicon, imaginée de façon si crédible qu’elle n’a rien à envier à celle d’ouvrages bien réels, enthousiasmé par la présence d’entités et de créatures s’inspirant de figures mythologiques ou folkloriques, je me suis allègrement lancé à la découverte du Mythe.

C’est sur ces entrefaites, fin 2008, qu’est sortie la 6ème édition française de L’Appel de Cthulhu. L’occasion d’enfin m’initier à ce jeu de rôle dont mes amis me parlaient depuis si longtemps Les nombreuses parties qui se succédèrent alors furent mémorables : nous en reparlons encore aujourd’hui.

À force de lire, à force de jouer, une idée a peu à peu émergé : pourquoi ne pas tenter d’écrire un supplément pour l’Appel de Cthulhu ? Un échange sur les forums de l’éditeur en fixa même le sujet : Lyon, ville où je vivais et pour laquelle je disposais de beaucoup d’informations, dont de nombreuses légendes. En février 2010, je franchis le pas et contactai les Éditions Sans Détour. Environ deux semaines plus tard, je discutais au téléphone avec Christian Grussi : Les Mystères de Lyon allaient voir le jour !

Couverture du livre Les Mystères de Lyon.
Boîte de la version limitée de Cthulhu 1890.

Des Mystères de Lyon à Cthulhu 1890

J’ai achevé la rédaction des Mystères de Lyon en mars 2012, à seulement quelques jours de ma soutenance de thèse : un mois riche en émotions ! Mais juillet le fut peut-être davantage, avec la publication de ce supplément. La publication de mon premier livre. Forcément, ce fut pour moi un moment très particulier : j’avais toujours rêvé d’être auteur et, à présent, je l’étais. C’était un aboutissement. C’était, aussi, le début d’une nouvelle époque.

D’ailleurs, pas le temps de me reposer sur mes lauriers : Christian Grussi, avec qui j’avais entretemps collaboré sur Au cœur des années 20, me proposa bientôt d’adapter Cthulhu by Gaslight en français. Ensemble, nous bâtîmes un projet aussi enthousiasmant qu’ambitieux et, sans tarder, je m’attelai à la tâche. Malheureusement, dans les mois qui suivirent, la direction de Sans Détour ne cessa de raccourcir les délais convenus, m’obligeant à accélérer constamment le rythme et à faire des coupes sombres dans le projet. Je rendis les derniers textes en septembre 2013 : en dix mois, j’avais écrit trois volumes pour un total de près d’un millier de pages. Une expérience qui me laissait exténué et, surtout, insatisfait : hormis Ésotérisme au XIXe siècle, dont j’étais très fier, et deux chapitres du livre consacré à Londres, auxquels j’avais pu apporter le soin nécessaire, le reste me laissait un désagréable goût d’inachevé.

Couverture du livre Investigations au XIXe siècle.
Couverture du livre Londres au XIXe siècle.
Couverture du livre Ésotérisme au XIXe siècle.

Un long crépuscule

Cependant, Cthulhu 1890 fut un succès et la suite parut toute tracée puisque Christian Grussi et moi ne tardâmes pas à nous mettre d’accord sur une série de suppléments pour ce qui s’annonçait comme une gamme à part entière. Le premier de la liste serait un Manuel de l’Investigateur victorien, pour lequel je signai très tôt un contrat et que j’achevai d’écrire en avril 2016. Ne m’arrêtant pas en si bon chemin, je lançai aussitôt un nouveau chantier qui me tenait particulièrement à cœur : une grande campagne basée sur un ouvrage sulfureux de la fin du XIXe siècle.

Mais, déjà, les nuages s’amoncelaient à l’horizon. Bien que m’affirmant de manière répétée que le Manuel de l’investigateur victorien sortirait bientôt, la direction de Sans Détour ne semblait rien faire pour concrétiser sa publication ; bien que m’ayant donné son feu vert officiel pour l’écriture de la campagne, elle tardait à me proposer un contrat sous d’étranges prétextes. Décontenancé mais me sentant profondément redevable envers cet éditeur qui m’avait donné ma chance, je lui maintins malgré tout ma confiance. Ce qui n’empêcha pas le doute de s’insinuer tandis que le temps passait et que les bizarreries se multipliaient.

C’est en 2018 que le couperet tomba : Sans Détour avait perdu les droits de l’Appel de Cthulhu.

Et moi, j’avais perdu cinq années de travail.

Un nouveau départ

De Solstices, le jeu…

Même si j’avais fini par comprendre que quelque chose clochait avec mon éditeur, je n’avais pas imaginé que tout pourrait s’arrêter aussi brutalement. Je n’avais pas imaginé, non plus, de solution de secours.

Le coup fut rude. Mais, très vite, je décidai de ne pas en rester là. Peut-être me faudrait-il un jour renoncer à l’écriture, renoncer aux histoires. Mais pas maintenant. Pas de cette façon. Pas avant que j’aie tenté le tout pour le tout.

Alors, je me suis remis au travail, laissant Cthulhu derrière moi, mais non le folklore. Au contraire, je voulais le placer au cœur de mon prochain projet.

Au cœur de mon propre jeu.

Jusque là, je n’avais jamais sérieusement envisagé d’en créer un. Mais désormais, cela me semblait une évidence et je m’efforçai de la concrétiser.

En 2019, j’ai repris contact avec Christian Grussi, avec qui j’avais toujours eu d’excellents rapports et qui connaissait son propre lot d’ennuis avec Sans Détour. S’en sont suivies d’innombrables conversations au cours desquelles nous avons évoqué – et évoquons toujours – nos projets respectifs. Solstices doit beaucoup à ces échanges.

En 2022, Christian me proposa d’écrire une Diablerie pour son jeu Tribute, à propos duquel nous avions également beaucoup discuté. Ainsi naquit « Bas les masques », ma première publication depuis l’époque Cthulhu. Ma première occasion, également, de donner un aperçu de l’univers dans lequel se déroule Solstices.

…à Solstices, le projet

La roue semblait en train de tourner, d’autant qu’il y avait une autre bonne nouvelle, et elle était de taille puisque je savais à présent que mon jeu serait publié. Cependant, pour être vraiment serein, il me manquait encore quelque chose. Quelque chose en rapport avec l’épisode Sans Détour et le besoin que je ressentais confusément de ne plus dépendre entièrement des autres pour mon travail.

Le déclic se produisit alors que je réfléchissais au site internet que je comptais créer pour Solstices. Pourquoi m’en tenir au jeu ? Pourquoi ne pas créer un site plus ambitieux consacré au folklore et réunissant les différents projets auxquels j’avais songé au fil des ans ? Comme cette encyclopédie qui me permettrait d’enfin mettre à profit tous ces ouvrages patiemment accumulés, ou bien ce forum où chacun pourrait venir partager les légendes qu’il connaît… Cela, et d’autres pistes encore que j’évoquerai le moment venu.

L’idée s’est imposée à moi et, une fois n’est pas coutume, je me suis lancé tête baissée dans l’aventure. Nous étions alors en janvier 2024 et je n’aurais pas imaginé que le chemin soit à ce point pavé d’embûches. Mais à l’heure où j’écris ces lignes et où le site est sur le point d’ouvrir ses portes, je n’ai jamais été autant convaincu d’avoir pris la bonne décision.

À suivre…

Un chemin dans les bois, se dirigeant vers une clairière ensoleillée.